guerre

Publié le 31 Mars 2021

Enfants cachés Izieu Massip
"On nous prend, on nous pique, on nous brûle. »

Publié le 16 Novembre 2010

Chère Madame Thieux

Ma mère m'a communiqué votre adresse e-mail et je me permets de vous écrire - hélas plus tard que je ne le souhaitais - au sujet d'un spectacle que je mets en scène en ce moment en ..., une adaptation pour théâtre visuel/marionnettes d'un opéra.

 En me rendant à la bibliothèque, le premier CD que j'ai eu en mains était de Nguyen Thien DAO,  Les enfants d'Izieu. J'ai été emballée par la musique (en particulier les chœurs d'enfants), un peu moins par le sujet qui me paraissait si gigantesque et quelque part si inconnaissable. Mais quand j'en ai parlé à ma mère, elle m'a parlé de vous et voilà. Comme quoi le monde est petit et il y peu de hasards

 Mon approche en quelques mots :

 Je ne veux pas représenter Auschwitz, ou la déportation. Je ne m'en sens pas capable. J'ai toutes les chances de tomber dans les lieux communs parce que je n'ai pas eu le temps de digérer ou rechercher correctement.

  Ce qui me touche au sujet d'Izieu, c'est le contraste entre un lieu chaleureux et la machine froide de l'Histoire; le contraste entre l'enfance et les faits. Du coup, je me suis replongée avec plaisir dans La poétique de l'espace de Gaston Bachelard, pour comprendre un peu mieux la chaleur du lieu habité. 

 Mais, je déteste voir au théâtre des adultes jouer les enfants, prétendre jouer les enfants. Et je refuse de faire cela à mes deux actrices en leur faisant prendre le rôle des enfants d'Izieu (et les marionnettes remplissent très bien ce rôle). Alors en cherchant ici et là une solution à ce problème, je suis tombée sur une conférence concernant "le syndrome du survivant". J'ai été très émue par deux sentiments auxquels je peux me rattacher humainement (quoiqu'à une autre échelle bien sûr) : l'impuissance et le sentiment de culpabilité. Mais surtout je suis fascinée par le chemin que suivent ces deux sentiments dans la durée chez l'individu. Comment certains parviennent à les transformer en une force positive, comment d'autres sont enchaînés par ces sentiments. Qu'est-ce qui fait que l'on peut ou aue l'on ne peut pas survivre sa survivance ? Plus généralement, le phénomène de résilience.   Voilà où je me trouve en ce moment. Et voici les questions que j'aimerai vous poser :

1. L'enfance

D'abord, quel souvenirs avez-vous d'Izieu, quelles images sont restées vivantes. Cela peut toucher n'importe quelles images. J'espère pouvoir les interpréter au mieux sur scène. 

Ensuite, j'utilise sur scène des billes et des cordes-à-sauter, mais y-avait-il d'autres jeux auxquels vous jouiez souvent par exemple? Y avait-il des jeux plus cruels ? Une question qui pourrait sembler stupide mais qui me taraude : jouiez-vous parfois à la guerre entre enfants pendant la guerre ou après ?

Vous-êtes vous sentie seule ? J'ai lu que vous aviez "appris à haïr" vos parents d'être Juifs, avez-vous pourtant souhaité leur présence durant la guerre, ou après ? Si oui, quelle forme de présence ?

 2. Impuissance et Culpabilité

Je voudrais savoir si vous avez ressenti un sentiment d'impuissance face à la mort des autres, et/ou celui de culpabilité d'avoir survécu. Si tel est le cas, dans quels moments de votre vie ont-il été le plus présents ?

Comment avez-vous vécu votre/vos grossesses ?  

Comment décririez-vous la solitude qui résulte de cette expérience, si solitude vous avez ressentie ? Aviez vous quelqu'un avec qui partager vos questionnements ?

 3. Dépasser et transformer

Enfin, quel(s) cheminement(s), quelle(s) rencontre(s), quel(s) évènement(s) vous ont permis de dépasser ces sentiments. Comment le deuil a-t-il pu se faire ? 

 Si votre pensée rencontre des images en lisant cette lettre, je serais ravie de les lire. En fait, je serai heureuse de lire toutes pensées, liées ou non à mes questions. Je les ai formulées simplement pour vous aider peut-être à me répondre, mais elles n'ont pas à être toutes traitées, loin de là (il y en a tellement !). Je n'attends pas nécessairement une réponse longue, mais un échange sincère.

 Le spectacle est un travail d'école et la durée pour le préparer bien plus courte qu'elle ne le devrait. En effet, le spectacle est prévu pour le 14 Décembre et cette semaine seulement nous est donnée pour la réflexion. Mais j'espère, grâce à votre aide, proposer une adaptation sincère de l'opéra et des évènements qui l'ont inspirés.

Je serais heureuse de vous lire par e-mail ou de vous parler au téléphone. Malheureusement, en raison d'un festival à ...  j'ai un emploi du temps très chargé mais je devrais être libre pour un rendez-vous le soir ou tôt le matin, si vous choisissiez le téléphone.  Merci encore....P.F.

Un corps d’enfant momifié voilà ce que j’étais. Une âme d’enfant Domi-fiée.Nous n’étions pas des enfants, mais des adultes enfantins par la TRAQUE vécue au quotidien à l’encontre des Juifs avec la Peur Constante d’être déportés. On nous prend, on nous pique, on nous brûle.

Personne d’entre nous n’a la même perception de notre vie interrompue pour moi. Certains enfants disent ne pas avoir du tout les mêmes souvenirs, peut-être en raison du Silence de Sécurisation des parents, de la famille, et du Risque énorme et des conséquences tragiques qui auraient eu lieu si plusieurs de ces enfants avaient été élevés ou avaient perçus dans la PEUR de la TRAQUE. Ces réflexions et ces paroles d’adultes nous les avons comprises près de 60 ans plus tard, lors de retrouvailles où les souvenirs des unes, des uns et des autres ressurgissaient derrière la mémorisation « gommée » plus ou moins inconsciemment de ce temps là Il ne faut pas oublier qu’à quelques mois près, ou un à deux ans, les vécus évoluent dans des proportions considérables en regard de la conscience de l’ambiance du moment. Pour nous tous nous savions et nous voyions bien que les militaires croisés, les soldats rencontrés n’étaient plus français et parlaient une langue différente, sauf pour la milice et les gendarmes. Toutefois –pour certains cas d’exception- l’image d’une colonie de vacances…a été seule retenue Hélas.

N’oublions pas que la conscience politique des adultes en grande partie refusait de croire la Réalité du Plan inscrit dans Mein Kampf se pensant protégés par une nationalité française, ou de réfugiés politiques garanties par le gouvernement du Maréchal Pétain inféodé aux Maîtres du IIIème Reich.

Je n’étais pas à IZIEU. J’étais après de nombreux périples cachée à Massip (Aveyron)  au couvent des Religieuses de la congrégation des Filles de Marie Notre-Dame sous la responsabilité de la Mère supérieure, et en particulier de Madame Bergon. Mise là du jour au lendemain fin 1942 apeurée, effrayée, sous un faux-nom venant d’être baptisée catholique le 18 décembre 1942 à Figeac (Lot). Avec le critère « si tu parles, si tu dis qui nous sommes, si tu dis ton autre nom on nous TUE -et la lancinante incantation- "On nous prend, on nous pique, on nous brûle".
J’avais déjà en 1941 dû « changer » de prénom…Margot …ça ne faisait pas chrétien alors vas-y pour Marguerite. C’était à Gratens chez Mme Cazelles où nous habitions dans un grenier. Surtout ce que je retiens c’est l’église de Gratens dont Madame Cazelles garnissait de fleurs l’autel.
Beauté et Senteur des Iris me restent présentes.
A chaque fois que Madame Cazelles passait devant l’autel  -plouf-, elle faisait une génuflexion et moi je l’imitais.
J’ai été prise d’un immense respect. Le Bon DIEU. J’avais 6 ans.

J’ai appris chez elle à tricoter. Je ne me souviens que d’un seul jeu « cache-cache ».

Avec Maman je jouais aussi au jeu « du moulin » ce jeu compagnonnique que j’apprendrai bien plus tard.Comme elle n’avait pas de jetons elle prenait des haricots de couleur. A chacune sa couleur et réciproquement.

Avec mon frère les cartes « à la bataille ». Les dames ? C’était lui et notre mère.

Dès1942 je suis parquée à Figeac  INSTITUTION JEANNE D'ARC Chaque jour une religieuse racontait en exemple une belle histoire. Je vivais l’histoire de saintes et saints comme si c’était la mienne ; je m’étranglais d’émotion quand on nous racontait la crucifixion de Jésus par les Juifs.
Ne pas être juive était devenu mon obsession.

Alors le jour de mon baptême catholique 18-12-1942 je me suis sentie délivrée de cette monstruosité, délivrée de ma famille, de mes parents, que j’ai commencé à haïr. EUX étaient Juifs pas moi.
 Eux étaient Juifs plus moi, j’étais sauvée, c’est tout ce qui comptait.
Les pensées les plus horribles m’ont assaillies « je vais les dénoncer aux allemands ».
L’idée de mon frère m’a retenue, je ne serais d’ailleurs pas là si je l’avais fait, lui non plus bien sûr.
                      Je priais, j’allais à la messe, je voulais être Sainte.

Interne à l’école Institution Jeanne d’Arc, je me souviens de la difficulté à lacer mes chaussures de l’apprentissage au réfectoire à « peler » les pommes de terre en robe des champs. Chaque interne avait une boite « en bois » pour y mettre des provisions, quand nos familles nous en donnaient lors de sortie…

Nos jeux étaient celui de la Marelle, c’est plus tard que j’apprendrai son symbolisme. Nous jouions à la ronde au « mouchoir de Paris », à « passe-passe petit pont,  la dernière la dernière, passe-passe petit pont la dernière restera ». Aux -gendarmes et aux voleurs. La punition du voleur était : la guillotine en plaçant notre tête sous l’articulation de la chaise pliante que le gendarme pliait. Le jeu de la statue ; la fillette qui avait pris la plus jolie pose pouvait faire danser sauter les autres qui se tenaient bras-dessus bras-dessous et à l’ordre Arrêtez chacune prenait la pose d’une statue ; celle retenue comme la  plus belle devenait à son tour celle qui faisait danser.

Les petite filles un peu plus grandes et qui avaient des balles pouvaient « jongler » contre le mur. Boudi que c’était beau ! Voir les balles s’entrecroiser, revenir dans les mains était un spectacle dont je ne me lassais pas. Les billes ? Les filles en jouaient très rarement c’était davantage réservé aux garçons. Celles de mon frère étaient ocre bien foncé, couleur de terre, couleur de certaines tuiles, certaines étaient en verre multicolores, ces dernières me faisaient rêver. Poupée ? En carton extra-plate avec des habits en carton que nous découpions en prenant soin de garder les pliures pour faire retenir en les pliant le vêtement sur les épaules de la poupée. Je savais très bien punir la poupée. Je la punissais souvent. Punie comme moi. Margot tu t’appelles Marguerite…répète :

Cerf tu t’appelles Cordier répète, répète. Marguerite Cordier Marguerite Cordier.  Ma famille a gardé nos initiales…M.C.

Si tu nous rencontres tu dis à Papa Bonjour Monsieur, à moi Bonjour Madame. Ne parle jamais de nous ! Répète…répète. Partir, fuir, avoir très peur de plus en plus et c’est Massip pendant deux ans…MASSIP, le couvent, ma vie au Secret, la peur. J’avais même peur de Madame Bergon qui savait tout de moi et pouvait –c’est ce que je pensais-me dénoncer aux Allemands. J’ignorais que nous étions tous des enfants cachés parce que juifs…Même moi BAPTISÉE !  J’écris à ma mère, elle ne répond pas à mes lettres. Je la hais encore plus. Elle doit être bien contente elle m’a abandonnée, elle ne m’aime pas. Je suis orpheline. A Massip le jeu des « osselets » a pris une place importante dans ma vie. J’ai tellement joué aux Osselets avec une autre petite fille que bien des anciens s’en souviennent  encore sur un petit mur.

Les 4 faces des osselets, le nombre de parties que l’on peut en tirer sont à comparer aux 4 mères des pistes suivies par les Figures de la Géomancie… Aux « osselets » il y a des parties à ne pas faire celles où l’on fait carotte par exemple. En Géomancie de même-  certains thèmes ne sont pas à faire.  

Nous ne jouions pas à la guerre. La Guerre se jouait bien assez de nous.
Madame Bergon m’a dit bien après la guerre « Les enfants d’İZİEU ont été déportés parce que tout le monde savait qu’ils étaient JUIFS.
A Massip tout le monde ignorait qui vous étiez »

Mes chers amis : Si vous le souhaitez...je peux encore ...

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Rédigé par Margot Thieux

Publié dans #Enfants cachés-Shoah., #FOI, #GUERRE, #GÉOMANCIE INITIATRICE

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Publié le 11 Novembre 2020

Charles de Gaulle et SOUVENIRS...Vous êtes  passé à METZ nous étions quelques uns devant le Monument aux Morts, nous vous y attendions. J'avais 13 ans.
Vous m'avez regardé alors vous adressant à un vraisemblablement responsable politique  " Vos recrues sont bien jeunes " j'en ai encore l'écho Il vous a été  répondu "Oui mais ce sont les adultes de demain".
Parallèlement en ce souvenir du XI Novembre 1918 mon père Arthur CERF né le 1
er septembre 1890 à Niedervisse enfin libéré du joug allemand qui faisait de lui un Allemand puisque Lorrain Français de Moselle, retrouvait sa nationalité chérie celle d'être Français, après avoir été -suite à la guerre de 1870- considéré comme  un  Allemand,  la  France  ayant  perdue  alors  l'Alsace et la Lorraine...                                        "Vous n'aurez pas... mais ils l'ont eue" 

En  pensant  à  mon  beau-Père  Louis Auguste THIEUX  Français  de  la Somme  ils auraient pu être de fervents patriotes ennemis sans oublier qu'en dehors de certains fanatiques les guerres sont souvent le résultat de faire dresser de pauvres gens contre d'autres pauvres gens.   
  

La 2ème guerre Mondiale vit ces deux hommes associés par le DEVOIR de Liberté, de Fraternité où mon père fut sauvé quand  mon beau-père rencontrera la mort dans l'opération dite (Jéricho RAMROD 564) à Amiens dont il fut fait un film qui ne dévoile en rien les mystères du Bombardement de la Prison Maison d’Arrêt en partie politique en présence des Allemands à l'intérieur des murs. Cette opération coutera les VIES du pilote de la R.A.F. Picard, du radio Bradley tous deux sous le Commandement du Général de l'Armée de l'Air Anglaise  Sir Basile Embry et de nombreux Résistants en attente de déportation ou destinés au peloton d'exécution tel  Roger Brion, qui  réussit  à  s'évader et  regagner  le  maquis.  Des  documents allemands datant de 1945 retrouvés en Hollande indiquent à la suite du nom de cet homme - SI RETROUVÉ  : Á FUSILLER

Un rêve, une réalité future de l'au-delà,  le récit que je vais vous conter, a été vécu par un ami cher avec pour sa narration en son temps avant que l'évènement et l'écoute d'un témoin averti n'aient eu lieu.

La veille du décès de Charles de Gaulle cet ami en rêve -mais il ne le savait pas vraiment- se trouvait à l'intérieur du domaine de la Boisserie comme surplombant une salle où se trouvait le Général de Gaulle et son épouse.
Le général semblait avoir sur une table ou un bureau devant lui des cartes à jouer. Le "rêveur" se demandait là comme flottant dans l'espace et bientôt constata que le général s'effondrait à terre. Son épouse se précipita vers lui et l'aida à s'allonger au sol. Le "rêveur" sans savoir qu'il rêvait fut pris de terreur...En une folle pensée il se dit "je vais peut-être être impliqué dans la mort de Charles de Gaulle".

Alors quelqu'un frappe à la porte...Madame de Gaulle avec une très grande vivacité se dirige vers la porte et l’entrouvre de l'intérieur tendant la tête vers la personne qui  venait  de se  manifester  elle revint  vers son mari et eut comme un murmure -  Il faut cacher cela-puis de nouveau se relevant elle sortit de la pièce fermant la porte à clef. Le "rêveur" regardant le général le perçut comme caché et se demandait comment il allait se sortir de ce mauvais pas. Quelques instants après la porte fermée à clef fut à nouveau entrouverte. A cet instant de la nuit le "rêveur" aérien profita de cette ouverture pour essayer de s'échapper, il traversa une autre pièce de la Boisserie où se trouvait sur une table une énorme boite à cigares offerte au général par Fidel Castro. Puis  le "rêveur" se retrouva de nombreuses heures plus tard en la contemplation d'un ciel d'un bleu pur sans nuage dans lequel le Général en uniforme s’élevait lentement, puis à une certaine hauteur fut perçu comme immobile en l'air. En face de lui se trouvait on position du Lotus un moine Tibétain à bonnet Jaune, puis entre les deux hommes fut en quelque sorte localisé le "meuble boite à cigares" et pour comble d’étrangeté le rêveur entendit clairement la voix du général d Gaulle prononcer une phrase insolite :
                     "Ce n'était qu'une toute petite partie de la FLEUR D'OR."

Le "rêveur" se réveillant confia ce curieux vécu à un vieux collègue de travail ancien topographe et informaticien qui s'intéressait à ce que l'on pourrait nommer le paranormal. Le lendemain ce même collègue vint trouver le "rêveur" tout souriant en lui disant -"As-tu écouté les nouvelles ?"  -Non Pourquoi ?
Eh bien si c'est vrai ce que tu as rêvé c'est arrivé dans le domaine de La Boisserie à Colombey les Deux Églises, la mort du Chef de la France libre, mort apparemment dévoilée avec un très grand retard...Le "rêveur" n'avait jamais été ni à la Boisserie ni à Colombey   Plusieurs années après il apprit d'un homme qu'il n'avait jamais fréquenté Monsieur Astout (de l'O.R.T.F.) devant lequel il dessina le meuble en bois clair perçu en deux endroits dans le rêve...et c'est ce dernier qui lui révéla que c'était un cadeau de Fidel Castro. C'est pourquoi il est désigné ainsi dans le rêve avec sa destination "Boite à Cigares".

En de nombreuses occasions la personne qui relate ces faits a eu la perception lors du Passage du Seuil -appelé mort- d'un certain nombre de personnes- même à des distances intercontinentales- annonçant leurs décès, ces tiers qui n'étaient absolument pas des "personnalités". Cette perception pouvant se faire en plein éveil, dans un autobus, le soir, la vision sur la vitre extérieurement obscurcie pendant plusieurs minutes, la vue d'un très grand ami...Dimitri dont le décès fut signifié le lendemain, avec concordance de l'heure de l'état de vision.

 

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Rédigé par Margot Thieux

Publié dans #ACTUALITES, #CULTURE., #GUERRE

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Publié le 26 Juillet 2019

                                  Madame la Préfète.
              Jean l'enfant de 3 ans- Margot l'enfant de 6 ans

L'enfant de trois ans accroché à l'enfant de six ans cherche son Papa...
                          Il ne le reverra jamais plus.
   

                               ENFANTS DU LIVRE
Deux enfants liés l'un à l'autre étouffés de chagrin bercent leurs peines, se caressent, sans pouvoir se séparer de leurs destins.
Unis dans la terreur, unis dans la douleur, unis dans la peur....
                 Aucune parole ne s'échange, aucun mot.
               Nos gestes s'interpénètrent en danse macabre ...
            "Ils" vont nous prendre, "ils" vont nous prendre.

             

                        "Ils" ont pris le PEUPLE du LIVRE.
Reste là mon petit, restons ensemble dans cet univers partagé.

RELIANCE -accepte LA VIE-  Ne t'attarde pas à ce qui n'existe plus...
Ne te laisse pas remuer aux entrailles par la résilience inutile.
Défais-toi de nos instants d'immense catastrophe.
Guéris-toi de l'inimaginable impossible.


               
    Suis ta Voie telle que tu en as le DEVOIR.
                           Nos disparus crient en ce sens...


     En ce 21 juillet 2019 d'Hommage aux Résistants,
           aux JUSTES de France parmi les Nations
                   ENFANTS DU PEUPLE DU LIVRE
           à Chartres devant la stèle de JEAN MOULIN
       devant celles et ceux qui n'ont pas de tombe    
              CELLES et CEUX dont on redit le NOM
                   HOMMAGE aux RÉSISTANTS.
               TÉMOINS de Notre MÉMOIRE COLLECTIVE

 Cette CÉRÉMONIE de MÉMOIRE est la preuve que la   RÉPUBLIQUE FRANÇAISE LAÏQUE  rend   HOMMAGE
         en toute JUSTICE  en notre PRÉSENT
                     AU DEVOIR de MÉMOIRE
que nos parents, nos ancêtres ont vécu dans leur chair        pendant toute la période de cette récente histoire de la                                    FRANCE

 

          L'Enfant de trois ans Jean et Margot l'enfant de six ans...
                        ENFANTS du PEUPLE du LIVRE 

                 STÈLE DE JEAN MOULIN
                      Esplanade de la Résistance à Chartres.     

              GUY  THIEUX  en  HOMMAGE  à  Son  PÈRE
                                                      Louis-Auguste THIEUX                                                       RÉSISTANT du RAIL. 

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Rédigé par Margot Thieux

Publié dans #TOUT PUBLIC., #Actualités..., #Guerre

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Publié le 8 Mai 2019

  Monsieur Louis Auguste THIEUX ainsi que celles et ceux résistants-artisans-libérateurs dont le cœur s'est arrêté avant la Fin de l'odieuse Guerre pour laquelle vous avez donné vos vies et l'Exemple de l'Honneur face à l'Horreur MERCI -Vos orphelins se souviennent témoignent  8 mai 2019

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Rédigé par Margot Thieux

Publié dans #Culture, #Enfants cachés-Shoah., #Guerre, #Géomancie-Tout public

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Publié le 1 Septembre 2017

Bonjour Margot, 01-09 -2017

 

Au sujet des articles sur ton enfance  « sous tension », ces quelques réflexions sur ces articles qui me touchent beaucoup et me permettent de recueillir des mémoires jamais lues jusqu’à présent sur ce que vivaient les enfants dans leur imaginaire.

                 Et qui mieux que toi...tu sais ce qu’est la mémoire.

 

 « Cette relation de faits venant tout droit de la mémoire traumatisée et formatant les images ressenties dans ta mémoire de toute jeune enfant est poignante.

 

Le récit de ces passages inscrit directement dans ta vision de jeune fille démontre combien l’époque fut traumatisante laissant une empreinte forte encore vive et si précise à ce jour.

 

Je serai assez peu capable de donner aujourd’hui un récit de faits aussi précis et prégnants  de ce que j’ai simplement pu vivre dans l’époque calme de mon enfance.

 

Cela démontre que ces évènements violents sont marqués dans la chair ou au moins le cœur et l’âme de l’enfant que tu étais.

 

Il est également touchant de voir la vérité du discours d’un enfant qui vit les évènements à sa manière, dont la réflexion est empreinte des pensées des adultes qui volontairement ou non consciemment, impriment leurs propres angoisses et jugements aux enfants.

 

Les notions de bien et de mal sont des références prises au pied de la lettre par les tout petits.

 

Merci également pour l’honnêteté et l’humilité avec laquelle tu relates cet épisode où l’enfant que tu étais vient exprimer : le juif est conspué  d'autres non. Je ne reconnais plus les premiers et même s’ils sont de ma famille, je n’ai plus rien de commun avec eux. 

 

Par les mots simples que tu révèles au lecteur, tu mets en exergue toute la perversité du racisme et la négation de la nature Divine de l’Humain.

 

Que des évènements politiques extérieurs ou des conflits créent de la haine, nous le savions.

 

Ici tu démontres les conséquences de ces haines sur des esprits faibles et vierges par lavage de conscience.

 

Les manipulations inconscientes voir des influences d’une conscience non dévoilée ou de peurs intérieures d’adultes rejaillissent alors sur de simples enfants, terreaux absorbant toutes ces émotions, ces mots ressentis au travers du langage adulte; cela apparaît notamment dans le formatage que l'enfant s'impose : conduite à tenir en marchant droit, ne pas parler, ne pas dire, car le contraire risque d’être la cause d’un envoi de sa famille en camps. 

 

Surgit alors la frustration d’être née dans une famille qui n’est pas du bon côté mais aussi la fierté d’aider et de surpasser des situations et épreuves difficiles.

 

En cette petite fille que les nazis voulaient annihiler, dormait déjà la graine d'une femme à part entière qui se redressait pour relever tous ces défis qui pesaient sur son enfance.

 

Merci donc d’avoir relaté avec ces mots, cette pensée d’enfant .  

          

Je t’embrasse. " Urbi et Orbi...

 

"et lux in tenebris lucet et tenebrae eam non conprehenderunt"           john 1:15... Salût!

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Rédigé par Margot Thieux

Publié dans #toutes, #tout public, #Justice Injustice, #Enfants cachés-Shoah., #Guerre

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Publié le 5 Août 2017

La Guerre, où est la Guerre ? J'ai l'impression que c'est spécialement contre les juifs...Des petites filles disent avoir leur père prisonnier. Leurs mamans envoient des colis...ce mot m'impressionne, on met de bonnes choses dedans, du manger qui ne se gâte pas, chaussettes, pull-over tricotés mains, des cigarettes, plein de bonnes affaires. Prisonnier c'est bien, au moins on reste vivant, c'est ce que je pense. Et puis le curé bénit ces paquets, il bénit aussi les animaux lors de la fête de Saint Antoine de Padoue. Quand je mets un sou, sa tête de statue salue en un Merci.

Je ne vois pas la Guerre. Je ne vois pas de soldats armés, je n'entends pas de bruits de balles. Où est la guerre ? Nous n'avons pas d'images de la guerre, ni de ce mot le "front". Quelquefois j'entends "Alliés, Axe" et comme "Résistance, Maquis" à voix basse, chuchotés, et quelque peu mystérieux. Je voyais que cela faisait plaisir à Maman. En de très rares occasions et par des conversations fortuites on apprenait que certaines personnes écoutaient la B.B.C. c'était défendu et des voix inconnues dire  

         ICI LONDRES LES FRANÇAIS PARLENT AUX FRANÇAIS

Il était aussi question d'un général de Gaulle, ça faisait penser aux gaulois dont nous apprenions en être les descendants. Ceux qui écoutaient ces émissions radiophoniques -j'entendais le mot "brouillées"- devaient se cacher et risquaient d'être "mouchardés". Je les trouvais très courageux, tout en ignorant ce qu'ils pouvaient bien apprendre. A l'Institution Jeanne d'Arc apprenons  "quand on marche 2 par 2 le diable est au milieu !" Je fais bien attention de ne pas marcher 2 par 2. Nous pouvons jouer à la "STATUE" -mon Dieu comme c'est joli. Aux gendarmes et aux voleurs. Je ne sais pas lequel je préfère !  Jongler avec 2 ou 3 balles pour les plus habiles et puis l'infatigable Marelle qu'aujourd'hui je sais être une préfiguration Géomantique inspirée du Plan Directeur.

Lors de la photographie annuelle de ma classe je me mets à l'un des bouts de banc pour mieux m'échapper, courir vite si besoin. Faire de Bonnes Actions : nous recevons chaque semaine une feuille avec des petits carrés damiers et  à chaque fois que nous pensons avoir fait une bonne action nous pouvons cocher une case. En 2 jours j'avais tout coché. Je pouvais faire moins attention les autres jours de la semaine.    

En cours de catéchisme l'Archiprêtre explique que Dieu est en trois personnes. "Le Père le Fils et le Saint-Esprit" Je n'arrive pas à comprendre comment une telle chose est possible. Un mystère ? Je lui demande une explication : la réponse charcutière -"Dans un jambon il y a bien le gras, le maigre et l'os".

Toute sa vie j'ai essayé de faire "parler" Maman de cette époque. Elle me disait de laisser ces affaires en paix, ainsi en allemand : "Och lass doch die sachen in ruhe". Elle n'a jamais voulu aborder ce sujet. Elle a du avoir peur pour nous ! Ça ne se voyait pas, je ne m'en suis jamais aperçue. Quel courage a-t-elle du avoir ! Je suis passée à côté d'Elle et réciproquement. Je regrette notre incompréhension. 

La Dame qui dit la Vérité...maman a été voir une dame qui dit la "vérité", elle me le raconte : -Oh Madame vous perdez beaucoup d'argent...gentils enfants...fils voyage plus tard. Hitler ne gagnera pas la guerre...Vous aurez de grandes satisfactions avec votre fille...- Je me sens très concernée et fière pour quand je serai grande. -Si Hitler ne gagnera pas la guerre, alors je n'ai plus besoin d'avoir peur ?- Il faut attendre qu'il la perde ! Pour l'instant : attention à toi, à tout, et à tous, ne parle pas, ne dis rien. on risque d'être tués-. Elle a peur pour elle, je le pense. Voilà. 

Comment la Haine vient aux enfants ? Avec ses formes perverses, on trouve partout des techniciens du MAL.  Responsables- Coupables. Une des formes de la démonologie se trouve "Là" en succession des Procès de l'Inquisition qui ont empoisonné la Vie Sociale. Le monde entier est encore concerné par ces extrémismes qui appartiennent héla au mental de tant de personnes. L'intolérance génère la haine, les guerres, les crimes. Soyons vigilants, refusons cette instruction perverse cet enseignement effroyable.

Toute Religion a pour vocation d'unir, de relier les êtres les uns avec les autres. La haine est en opposition avec le Destinée de l'Être en quête d'Harmonie : sur la terre comme au ciel.                          

Permission...J'ai tout le temps peur...Il ne faut pas être dénoncés..Il y a des "collaborateurs" ils racontent tout aux Allemands : les juifs, le maquis... et il y a "La Milice" pire encore, très dangereuse ils peuvent nous arrêter, nous conduire en prison, nous torturer....Ce jour là, sur la route que j'emprunte je les vois, ils sont deux, on les reconnait. habillés en noir avec quelque chose en cuir qui traverse le haut de leur uniforme, de grandes bottes noires, un béret noir sur la tête et le fusil sur l'épaule. Ils arrêtent les hommes. Je dois passer près d'eux pour aller à la maison. Je ne dois pas, et je ne peux pas m'échapper. Ne cours pas Marguerite marche droit. Cartable enserré dans mes doigts que je mets les uns sur les autres enchevêtrés bien tassés, on dirait que j'ai deux doigts, ça fait comme une pince. Je connais le nom de chacun, j'en suis fière. Recommence, répète,  recommence...Pouce-Index-Majeur-Annulaire-Auriculaire. Un homme que la milice voit, traverse la côte où je m'engage, il s'approche de moi, et dit voyant mes doigts mêlés  les uns sur les autres serrant mon cartable :" tu as des rhumatisses ?" Mon Dieu comme il est bête ! -Monsieur on dit RHUMATISMES-  Et pourtant je n'ai le droit de parler à personne et de ne rien ramasser. Il se penche vers moi, prend et porte mon cartable met son bras autour de mes épaules comme un gentil papa qui vient chercher son enfant et me laisse en plan dés qu'il est hors de vue de la milice. J'ai compris beaucoup plus tard, je l'ai sauvé ce jour là, en tout cas à ce moment- S'il avait su de qui il portait le cartable !

 1942...dernier Noël  avant de fuir, quitter Figeac pour le Couvent Ecole à Massip près de Capdenac-Gare. Mes initiales M.C. Margot Cerf sont conservées.Tu t'appelles Marguerite Cordier. Répète ne te trompe pas... Ma mère m'abandonne. Elle va "garder" sa maman à elle Oma grand-mère au couvent de Fons, avec ma cousine Lisette. Papa ? pas là.                     

Janvier1943 j'ai 7ans 1/2 l'âge de raison disent les religieuses avant ce départ de Figeac qui se fait "en silence"...Faux-papiers. Ne parle pas, ne dis jamais qui sont tes parents, ton frère, ta famille. Pas un mot sinon on nous prend.

Massip : deux religieuses de la communauté s'occupent particulièrement de nous. Le premier jour deux "maîtresses" me lavent debout dans une cuvette. -Oh comme elle a la peau blanche !- "J'ai pris un bain avant de venir" Ensemble elles s'écrient UN BAIN !-UN BAIN !  Aujourd'hui encore j'entends le ton de leurs voix, un cri, de ce que cela pouvait représenter.   

Nous sommes beaucoup, des "petites", des "grandes" viennent aussi quelques petits garçons, ils habitent à part. Un dortoir immense Glacial. Petite toilette le matin, grande toilette 1 fois par semaine. Je ne connais personne sauf Mme Bergon Mère Supérieure qui est dans le secret et Mme Roques Sœur Marguerite son aide fidèle. Elles sont venues me chercher à Figeac. Pas de nouvelles de ma famille. D'ailleurs je dois faire comme si je n'en ai plus. J'en ai déjà l'habitude. Je les hais.

Début Février1943 j'ai une permission pour me rendre à Figeac  ma mère s'y rend parfois. A pieds ça fait -avec les raccourcis- 5 kilomètres, je sais comment il faut marcher : des pas réguliers c'est ce que mon frère m'a appris. Je peux rester quelques jours en permission, je revois mon frère   

Il va y avoir un Conseil de Famille. J'aime bien ce mot. Ça fait comme un Grand Conseil des Rois.

Je suis vraiment étrange parce que je regarde avec intensité mon oncle, pour connaître sa décision. Va -t-il le faire ? Piquer-Brûler-Tuer les Juifs.   Va-t-il y aller ? Ces mots Piquer-Brûler-Tuer, je les connais très bien, bien appris à la maison. Se taire, pas  dire, pas  parler  sinon "on" nous  prend : Piquer-Brûler-Tuer. Le Conseil de Famille a pris sa décision, le verdict est  -Si les Allemands doivent nous prendre, nous suicidons d'abord les enfants et puis nous après. Je suis extrêmement soulagée, mourir par eux plutôt que par les Allemands ! Depuis que je sais qu'ils peuvent faire "ça" je suis nettement plus calme. J'ai moins peur. Mourir par leurs mains plutôt que par celles de Allemands c'est mieux. Au moins "eux" ne me feront pas souffrir. Je suis rassurée...au moins sur le moment. Je me demande avec quoi ils vont le faire, et quand. Maître Zackaïus  m'appelle "Pâquerette". bien plus tard lui et sa femme avec l'assentiment de Maman m'emmènent à mon premier bal. Ils souhaitent que je rencontre leur neveu Ralph dont les parents ont été déportés. Ma longue robe blanche est faite sur mesure. Je préfère danser avec Gaston son ami.

En accès libre sur internet, le site du Mémorial de la Shoah propose un ensemble de documents relatifs aux victimes juives. C’est ainsi que nous découvrons le sort de Rolande Cerf, née à Crépy-en-Valois le 20 janvier 1905. Fille de Paul Lehmann (marchand de bestiaux) et de Fanny Hirsch, Rolande Lehmann se marie à Crépy-en-Valois avec Simon Cerf, commerçant, le 12 juillet 1929. Nous perdons ensuite sa trace jusqu’en 1943. En effet, et sans que l’on connaisse la date, Rolande Cerf-Lehmann s’est engagée dans la résistance comme agent de liaison. Elle est arrêtée à Marseille le 22 janvier 1943. Questionnée et torturée par la Gestapo, elle est déportée à Sobibor en Pologne par le convoi n°52 au départ de Drancy, le 23 mars 1943. Ce convoi comprenait 994 juifs dont 66 enfants. Il n’y eut aucun survivant. Après la guerre, Rolande Cerf-Lehmann reçut à titre posthume diverses distinctions et décorations: la Légion d’Honneur, la Croix de guerre 1939-1945, un Certificat de service rendu britannique signé du maréchal Montgomery et le titre de Lieutenant des Forces Françaises Combattantes de l’Intérieur. Tous ces titres ont été transmis récemment au maire de Sanary-sur-Mer (Var) par la fille de Rolande Cerf-Lehmann, habitante de cette commune. Ce maire a envoyé un courrier à M. Bruno Fortier avec lesdits documents. Dans ce courrier, le  maire de Sanary-sur-Mer propose d’inscrire sur notre monument aux morts, le nom de Rolande Cerf-Lehmann. Au total, ce sont bien, avec Marcel Vernet, René Carpentier, Achille-Norbert Lenoble, Maurice Vachet et Rolande Lehmann, cinq personnes à rajouter sur le monument aux morts de Crépy-en-Valois.
Eric Dancoisne, président de la SHAV.
Remerciements au service de l’état-civil de la mairie.
Sources: état-civil de la mairie de Crépy-en-Valois, Légifrance, Mémorial de la Shoah. ANACR-Oise « Ils ont fait le sacrifice de leur vie… », 2002 ; Histoires du Valois 2015 ; Eric Dancoisne, Jean Vassal (1870-1953), député maire de Crépy-en-Valois, Société d’Histoire de Compiègne, 2008.

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Publié le 31 Juillet 2017

Encore quelques jours à Figeac en internat...Je ne le sais pas encore.       Un jour de sortie d'internat, en permission je me suis retrouvée avec mon frère chez notre mère, j'entends "Partez il va y avoir une rafle, partez, partez vite "  c'est ce que crie une femme échevelée, en tablier dans le sentier en face de la maison. Maman : -Partez mes enfants "ils" sont là, vous savez où aller- "Maman viens avec nous ! Ne reste pas ! " J'éprouve une crainte folle pour elle, je veux qu'elle quitte la maison, je veux qu'elle vienne sinon "ils" vont la prendre. Elle ne vient pas. Elle refuse de venir. Je la hais tellement pour ça. Nous fuyons seuls mon frère 11 ans et moi 7.J'ai oublié ma collection de timbres " viens allons chercher ma collection ! " Mon frère se retourne, il hésite, me tire par la main -non nous n'avons pas le droit ! Collection de timbres jamais retrouvée, jamais recommencée. Mais j'aime les timbres. nous courrons chez Madame Angelergues ma marraine. Elle nous fait des frites, ça nous en fait 7 chacun. Un régal ...mais ce n'est pas beaucoup Marraine. Marraine parle d'huile qu'elle n'a pas. La Rafle est finie. Ma mère pas prise. Je  retourne à Jeanne d'Arc.

Une fois par semaine je participe aux réunions des ÂMES VAILLANTES". Quand la cheftaine appelle  -Âmes Vaillantes-!  nous répondons "UNIES" en glissant le côté de la main droite sur notre ventre de gauche à droite, et on laisse tomber notre bras bien contre notre jupe bleu-marine, la mienne est faite avec un pantalon retourné devenu trop petit de mon frère, elle tient bien avec ses bretelles sur mon corsage blanc. Mon Dieu comme je suis heureuse ! ÂME VAILLANTE, je suis vaillante et courageuse ! Nous apprenons à nous dévouer. L'amour vient aux enfants.

 Là,  j'ai forgé ma foi en la vie j'ai promis d'être droite, juste et équitable, de faire tout pour tous. Surtout les plus faibles. Je regarde avec envie les "JEANNETTES", plus grandes en espérant l'être un jour, leur chemisier bleu-ciel, l'écusson qu'elles portent nous différencient. Être GUIDE, c'est vraiment donner l'exemple. Je veux être Guide quand je serai grande.

Alors que j'étais chez les "Âmes Vaillantes" j'ai fait un camp de jeunesse à Bonaguil près de Cahors. Bonaguil -bonne aiguille-et son château en ruines que nous visitons. Ce qui était la chambre de la fille du château me fait mal, c'est tout petit et très froid; comme elle a du être malheureuse ! Comme moi.                                                                                                     Les Âmes Vaillantes chantons : "Catherine était chrétienne bidiboum boum boum, bidiboum boum boum, Catherine était chrétienne son père ne l'était pas son père, son père, son père ne l'était pas"  Comme moi Papa. A Bonaguil  nous sommes invitées chez Marguerite Moréno, je suis  surprise de voir son lit tout en bois, très haut, je me demande comment elle fait pour y monter. Elle nous dit que nous pouvons nous y asseoir. Hum ! Je lui ai dit avoir vu son film "Les Misérables" elle a nommé Victor Hugo. Elle portait une  capeline, devant nous dans le parc elle s'est mise à déclamer. sa voix était impressionnante, presque trop forte. J'ai regardé autour de moi pour savoir d'où ça venait...ça venait de partout. Après la guerre j'ai su que  Marguerite Moréno interprète de "la Thénardier" était juive. "Ils" ne l'ont pas prise. Harry Baur interprète de Jean Valjean était baptisé catholique, mais juif aussi. "Ils" l'ont pris, jeté en prison, torturé, rendu agonisant. 

Dans cette colonie de vacances, nous faisons la vaisselle de nos assiettes en fer. Celles qui lavent me disent de bien essuyer, elles trempent les assiettes et la monitrice s'aperçoit que même en essuyant bien fort elles restent sales, elles disent... -C'est à cause de toi, juive, tu es juive tu n'avais qu'à bien essuyer. Je suis allée voir la responsable en lui disant l'insulte...que j'étais baptisée Catholique. Pas juive. Dénoncée ? PEUR.

Lors de cette colonie de vacances je me rabaisse pour pouvoir jouer avec les autres fillettes. Elles se mettent sous la robe un ballon, rient et ne veulent pas de moi trop jeune. Pour être acceptée dans leur groupe, pour ne pas être -seule- je me suis salie, et je le ressens vivement - Je sais ce que vous  faites, c'est  quand  la  dame  attend  un  bébé. "Elle sait,  elle  sait !" - Admise ! Je vis ma lâcheté de ce jour. Mais je ne joue pas à ça.

De retour je peux avec ma mère chanter. Elle s'installe au piano. Le chant qui me plaît le plus et m'intrigue à la fois c'est  "La Tour Prends Garde" et son énigmatique question "qu'est-ce qui passe ici si tard Compagnon de la Marjolaine...pourquoi ils passent si tard et pas avant ?" J'avais l'impression que c'était moi à la recherche d'un important secret. Mon frère adore "Compère Guilleri" . Valses de Strauss, valses de Vienne je me mettais à danser. maman chante aussi en Allemand les chants de son enfance. Elle m'a appris le "jeu du moulin", de poser des pommes avec la peau sur la cuisinière et ça sent si bon.

Les  rares  nuits  où  nous  dormons  à  la  maison  mon  frère  fait  crisser des papiers le long du lit et dit "écoute ce  sont les  allemands  qui sont là" Parfois il  me  frappe, il  dit  que  si  je  crie  il me dénonce aux allemands.   Je dois faire  "Résistance". Il est interne au collège Champollion.                 Papa ? pas là.

Je retourne à l'internat "Jeanne d'Arc", difficile de lacer ses chaussures, faire son lit, de l'apprentissage à peler des pommes de terre en robe des champs au réfectoire. Les internes on a une boite "en bois" pour y mettre des provisions quand nos familles nous en donnent lors de permissions. Je ne la ferme pas à clef parce que je sais que des petites filles n'en ont pas, elles savent qu'elles peuvent se servir dans la mienne. Une fois elles ont tout pris d'un seul coup. J'ai par la suite fermé à clef.

Un jour je me prépare dans la Chapelle pour passer à mon tour à confesse L'archiprêtre Lacroix qui m'a baptisée sort vivement du confessionnal avec sa chasuble blanche brodée. Il s'approche de moi très en colère en me disant que je bavarde, que je dois me taire.-Ce n'est pas moi ! Et tu mens ! Surtout toi ! La violence de l'injustice me saisit : Surtout moi ? Alors même lui : Juif encore ! J'adore aller à la messe, c'est un péché mortel si on n' y va pas. Il y a aussi de péchés véniels moins graves mais il ne faut pas faire de péchés.J'aime toutes les prières surtout celles de l'Acte de Contrition...Mea Culpa, mea culpa, mea maxima culpa, c'est ma faute, c'est ma faute, c'est ma très grande faute en se frappant le cœur à trois reprises avec le poing fermé de la main. Je ne frappe pas fort. Le geste me plaît beaucoup. Le latin aussi. Au moment de l'Elévation, quand le prêtre officie il faut baisser la tête. Je regarde quand même un petit peu. Peut-être que Jésus se montre. Je suis baptisée je n'irai pas aux limbes.

Bonsoir ma très chère Margot,

J'ai lu avec attention le troisième article de ton blog et je me dis encore et encore, quelle horreur que de se sentir ainsi traquée comme une bête, la peur au ventre sous prétexte que l'on soit née juif. Quel émouvant témoignage transmis par les yeux et le vécu d'un enfant !

Je t'embrasse bien fort et t'adresse toute mon affection. Pr. d'Université

4 ème partie en cours

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